Aristide Briand a découvert Cocherel par hasard, à l’occasion d’une partie de chasse dans le domaine du Bois-d’Houlbec. Nous sommes en septembre 1909. En réalité, il musardait plus qu’il ne chassait. Il n’aimait pas ça, il préférait la pêche. Ce jour-là, il se serait perdu et aurait atterri dans un café-tabac auberge « Au Bon accueil ». Le coup de foudre fut immédiat et l’homme revint souvent.
Dans les premiers temps, il habitait et prenait ses repas à l’auberge du Bon Accueil sous le nom de M. Bertrand. La circulation de l’information lui permettant à l’époque de rester dans l’anonymat.
Ce n’est qu’une fois « démasqué » qu’il fera l’acquisition d’une première maison normande située sur les bords de l’Eure où il pouvait s’adonner à la pêche, son passe-temps favori. Nous pouvons d’ailleurs toujours y voir son petit pavillon de pêche.
Peu de temps après, à la veille de la Première Guerre Mondiale, une petite ferme qui se trouvait de l’autre côté de la route fut mise en vente et Briand l’acheta. Il la fit réparer selon ses propres plans et se réserva, dans un angle, une petite habitation de quatre pièces. Il s’agit de la ferme Les Hulottes.
Athée, « mais pas anticlérical », Aristide Briand, rapporteur de la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat était avant tout un homme profondément tolérant. Une anecdote révélatrice, en passant : Aristide Briand se plaisait à bavarder avec l’abbé Brunet, prêtre du village, qui logeait dans une petite maison située en contre bas de l’Eglise Notre-Dame. Or cette maison était mise en vente et le pauvre abbé s’inquiétait de devoir en partir. Aussitôt, le Président se porte acquéreur du presbytère et en laisse la jouissance pour sa vie durant à l’abbé Brunet. Par la suite, cette maison porta le nom de « La Chebuette » (la petite chouette).
En 1926, avec l’argent du Prix Nobel, Briand fit l’acquisition de la ferme de la Cailletterie et de terres qui dépendaient du Château de la Comtesse de la Croix qui venait alors de décéder. Cette ferme, abandonnée depuis longtemps par les châtelains qui la possédaient, nécessitait de lourds investissements. « Le prix Nobel a été un bon engrais » dira Briand !!
Il a alors des vaches et des moutons, et ses propriétés s’agrandissent sur le territoire du Hameau de Cocherel. C’est vers la fin de sa vie qu’il achète et fait aménager une ferme dans la vallée, à Hardencourt, « La Ramière » qui sera sa dernière acquisition. Ainsi en vingt ans, le Président, au fur et à mesure de ses possibilités, achetant lopin après lopin, maison après maison, a pu s’enorgueillir d’un domaine de plus de 200 hectares !
Souffrant d’une maladie cardiaque, le Président Briand s’éteint le 7 mars 1932 à Paris, après avoir fait un dernier adieu à ses terres de Cocherel, quelques jours auparavant.
Il y reviendra, définitivement, le 3 juillet pour être inhumé sous une large dalle de granit, à mi-côteau, face à la vallée d’Eure, au milieu de ce paysage qu’il aimait tant.